Alors que la France s'est fixé un objectif de 3 millions de voitures électriques en circulation pour fin 2028, la question de la capacité de notre réseau électrique à soutenir la recharge de tous ces véhicules inquiète. Découvrez nos réponses.
Si les enfants ont souvent peur du noir, les adultes ont parfois peur du black-out. Ils en ont en tout cas fait l'expérience lors de l'hiver 2022/2023, particulièrement rude. On se souvient que les autorités avaient alors alerté les citoyens sur les risques d'une surcharge pour le système électrique français en préconisant thermostat raisonnable, économie d'énergie, et pull-over épais. Des requêtes entendables mais qui se télescopent avec l'ambitieux objectif de compter dans notre pays 8,5 millions de voitures électriques en circulation d'ici 2030 (source : Avere).
En effet, ajouter des millions de véhicules électriques (VE) à cette équation pourrait exacerber les risques de black-out. Car qui dit mobilité verte, dit automatiquement recharge, et donc davantage de sollicitation pour le système électrique hexagonal, surtout pendant les heures de pointe. Alors que les risques de surcharges et de coupures d'électricité deviennent des préoccupations majeures, une question se pose : produira-t-on assez d'électricité pour supporter la recharge de nos voitures ? Heureusement, certaines solutions existent pour éviter de saturer le réseau électrique.{{_DYNINFEED_BLOCK_}}
Stabiliser le réseau grâce au smartcharging
La première d'entre elles correspond au smartcharging. Convaincu que le développement de la mobilité électrique repose sur des solutions de recharge intelligente, le groupe EDF a fait du développement des infrastructures de recharge et de leur gestion une priorité de sa stratégie bas carbone. De quoi cet anglicisme est-il le nom ? Il s'agit d'une technologie que le Groupe considère comme primordiale pour gérer la demande en électricité. Le smartcharging permet d'aborder la recharge des véhicules avec flexibilité, en fonction des périodes de moindre demande, réduisant ainsi les risques de surcharge du réseau.
En pratique, cela signifie que les voitures pourraient être programmées pour se recharger pendant la nuit ou lorsque la production d'énergie renouvelable est à son maximum. L'autonomie des batteries actuelles ne nécessitant pas une recharge quotidienne complète, il est donc possible de transposer cette recharge à une fréquence hebdomadaire, pour bénéficier de tarifs réduits le week-end, auto-consommer les excédents de production photovoltaïque en milieu de journée le dimanche, ou encore valoriser la surproduction éolienne en heures creuses le mardi. Sans surprise, la sensibilisation des utilisateurs de VE à la recharge hors des heures de pointe peut aussi contribuer à cette stabilité du réseau.
Quand les voitures “rechargent” le réseau
Technologie encore plus poussée, le smartcharging bidirectionnel vise à réinjecter dans les réseaux l'énergie accumulée au cœur des batteries, au moment opportun. Pour un énergéticien, les véhicules électriques constituent une grande réserve d'énergie inutilisée 95 % du temps, capable, à l'échelle domestique, de subvenir aux besoins d'un foyer pendant plusieurs jours et, à l'échelle du système électrique, d'augmenter les capacités de stockage existantes sur quelques jours.{{_DYNINFEED_BLOCK_}}
Cet "actif" peut être exploité et valorisé à condition de pouvoir réinjecter l'énergie en aval du compteur dans une maison ou un bâtiment (V2H ou V2B), ou dans les réseaux publics d'électricité (V2G), afin de fournir des services au système électrique. En agrégeant les batteries de 16 millions de véhicules électriques (selon le scénario considéré par RTE pour 2035), on obtiendrait ainsi une capacité virtuelle de stockage équivalente à plus de 10 fois celle des STEP (Station de Transfert d'Énergie par Pompage). De quoi voir s'éloigner les risques de black-out.